Baudelaire "La Beauté"

Publié le par Arabesque


La Beauté

Je suis belle ô mortels! comme un rêve de pierre,
Et mon sein, où chacun s'est meurtri tour à tour,
Est fait pour inspiré au poète un amour
Eternel et mut ainsi que la matière.

Je trône dans l'azur comme un sphinx incompris;
J'unis un coeur de naige à la blancheur des cygne;
Je hais le mouvement qui déplace les lignes,
Et jamais je ne pleure et jamais je ne ris.

Les poètes devant mes grandes attitudes,
Que j'ai l'air d'emprunter aux plus fiers monuments,
Consumeront leurs jours en d'austères études;

Car j'ai , pour fasciner ces dociles amants,
De purs miroirs qui font toutes choses plus belles :
Mes yeux, mes larges yeux aux clartés éternelles!
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